1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
L’Office du Niger, à travers le barrage de Markala et son énorme potentiel irrigable, constitue potentiellement un outil important de sécurité alimentaire pour le Mali. Mais cet énorme potentiel reste encore sous-valorisé. En effet, fin novembre 2016, le cumul des superficies aménagées s’élevait à 125.496 ha pour des spéculations rizicoles, maraîchères, fruitières, sylvicoles et de canne à sucre alors que le potentiel d’extension des superficies est estimé à environ 366.000 ha. Cela signifie que seulement 34% des superficies irrigables sont actuellement aménagées et valorisées.
En vue de mieux valoriser le potentiel et de faire réellement de l’Office du Niger « le vivier de sécurité alimentaire du Mali », le Ministère de l’Agriculture, avec une volonté politique manifeste, envisage de bâtir un ambitieux programme de développement intégré à partir du pôle agricole de Ségou.
À cet effet, depuis une vingtaine d’années, le Mali, en collaboration avec ses principaux partenaires techniques et financiers (PTF), a mis en place un vaste programme d’aménagement et de réhabilitation à travers des Contrats Plans successifs « État-Office du Niger-Exploitants Agricoles » pour développer la filière rizicole. Depuis 2013, le Mali a décidé de consacrer 15% de son budget à l’agriculture accompagné d’une politique d’aide financière aux paysans pour faciliter l’acquisition d’intrants. Les principaux partenaires techniques et financiers impliqués dans le développement de la filière riz aux côtés du Gouvernement de la République du Mali, sont : la Banque Mondiale, l’Union européenne, l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, le Canada pour ne citer qu’eux.
Le PARIZON soutient fortement l’intégration des femmes dans les processus décisionnels et insiste sur l’augmentation de leur participation aux aménagements hydro- agricoles d’irrigation de proximité.
La politique nationale Genre donne des indications pour permettre aux femmes marginalisées l’accès au foncier sécurisé et d’être rétablies dans leurs droits fondamentaux.
La Politique Foncière Agricole19 de 2013 prévoit comme activité :« Identifier et reconnaître les droits fonciers des femmes, des jeunes et des groupes vulnérables : il s’agit de façon concrète, de recenser les terres légitimement détenues par les femmes, les jeunes et les personnes handicapées et de matérialiser ces droits par des documents juridiques appropriés notamment les certificats fonciers collectifs ou les certificats fonciers individuels dans les zones aménagées. Conformément aux dispositions de la Loi d’Orientation Agricole (LOA), il s’agit de mettre en place, de suivre et d’évaluer périodiquement de façon concrète le dispositif pour octroyer au minimum 10% des terres aménagées aux groupes vulnérables que sont les femmes, les jeunes et les personnes handicapées ».
Pour la mise en œuvre de ce programme, PARIZON a placé les organisations féminines et les femmes au centre de ses préoccupations. C’est ainsi que la politique nationale Genre du
Mali et la stratégie de la coopération Allemande en matière d’Egalité Homme Femme (EHF) constituent le socle de son intervention.
2. DESCRIPTION DU PARIZON
2.1. Objectifs de l’action
L’objectif général de l’action est de contribuer à l’atteinte de l’objectif général du CRS- SANAD qui est d’aider le Gouvernement du Mali à éradiquer la pauvreté et à construire la résilience des populations vulnérables afin de faire face à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle de façon durable, à promouvoir une croissance durable et inclusive et à consolider et améliorer la gouvernance démocratique et économique.
De façon spécifique il s’agira d’améliorer les revenus des exploitations agricoles familiales (EAF) et des petites unités de transformation (UT) de façon durable dans la zone de l’Office du Niger
2.2. Résultats attendus de l’action
Afin d’atteindre l’objectif spécifique et de faciliter la visibilité de l’action, quatre résultats fondamentaux sont visés, à savoir :
Résultat 1 : Les marges brutes des CVA riz ont augmenté ;
Résultat 2 : Les sources de revenus des exploitations agricoles familiales sont diversifiées ;
Résultat 3 : Les mesures de protection et de préservation des ressources naturelles sont adoptées pour une meilleure durabilité de la CVA riz ;
Résultat 4 : Les parties prenantes et autres acteurs ont accès aux acquis et expériences du projet.
3. OBJECTIF DE L’IMPLICATION DE L’EGALITE HOMME FEMME (EHF)
Intégrer les femmes dans les processus décisionnels tout en les impliquant dans la gestion des aménagements hydroagricoles.
Objectif Spécifique 1 : Promouvoir les organisations féminines dans la zone Office du Niger ;
Objectif Spécifique 2 : Augmenter leur revenu à travers la riziculture, le maraîchage et la production d’arbre (bois de service, d’œuvre et fruitier) ;
Objectif Spécifique 3 : Assurer la gestion durable des aménagements hydroagricoles.
4. STRATEGIE DE MISE EN ŒUVRE
Résultat 1 : Les marges brutes des CVA riz ont augmenté ;
Dans le souci de la bonne réussite de ses activités, PARIZON collabore avec les partenaires clés de la carte des acteurs : Office du Niger, CIV-Mali, Direction Régionale de l’Agriculture, Chambre Régionale d’Agriculture de Ségou, Direction Régionale du Génie Rural, les ONG partenaires, IFRIZ-Mali (Interprofession Riz du Mali) pour la planification participative des activités annuelles, leur mise en œuvre et leur suivi.
Une structure locale de pilotage appelée Comité Technique Restreint a été mise en place et composée des représentants de PARIZON, de l’Office du Niger, de l’IFRIZ-Mali (Interprofession Riz du Mali), de la chambre d’Agriculture Régionale de Ségou (CRAS) de la Direction Régionale des Eaux et Forêts, de la Direction Régionale de l’Agriculture. Ce comité restreint décide des orientations au niveau local comme le choix des organisations paysannes, la contribution financière des bénéficiaires pour les équipements, le suivi des activités, la validation des rapports d’avancement.
Le CTR se réunit chaque trimestre.
- Le CTR a instruit l’Office du Niger à choisir les organisations paysannes partenaires suivant les critères suivants :
- la performance et la fonctionnalité de l’OPA ;
- la riziculture comme activité principale de l’OPA ;
- le genre : il a été décidé de vérifier le genre sur le terrain car il y’a des OPA mixtes comme celles typiquement féminines ou typiquement masculines, mais les deux peuvent associer l’autre genre dans l’exécution de certaines tâches de leurs organisations ;
- l’accessibilité facile de l’OPA .
Ainsi 30 organisations paysannes dont 14 féminines ont été proposées par les responsables de la zone Office du Niger de Molodo et validées par le Comité Technique Restreint.
Toutes les organisations paysannes (féminines et masculines) ont été appuyées dans leur reconnaissance juridique ; les membres sont formés sur :
La vie associative/coopérative et la gestion financière ;
Le Système de Riziculture Intensif.
Elles ont été mises en relation avec les IMF/Banques (Institution de Microfinance) KAFO JIGINEW, SORO YIRIWASO et NIESIGISO pour faciliter l’accès au crédit de campagne et des équipements/matériels agricoles.
Pour la mise en place des champs écoles paysans dans la zone Office du Niger de Molodo, les responsables de cette zone ont décidé responsabiliser les organisations féminines qui pratiquent la double culture (riz en campagne et le maraichage en contre saison). Ainsi sur 30 Champs Ecoles Paysans prévus 14 sont animés par les productrices de riz. Elles ont été appuyées à l’instar des hommes en intrants agricoles (semences, fertilisants chimiques et organiques).
Dans cette zone, les femmes disposent de parcelles de production maraîchère qu’elles cultivent du riz pendant la campagne rizicole.
Les producteurs/trices démultiplicateurs ont été formés sur le SRI (Système de Riziculture Intensif) et les champs écoles paysans et l’école entrepreneuriat agricole (EEA).
En plus elles ont bénéficié de différentes formations, sensibilisation, appui-conseil et suivi en fonction des résultats visés par le PARIZON. Voir le tableau ci-dessous :
Thème | Nombre de femme touchée |
Formation des groupements de femmes étuveuses à l’utilisation du Kit 180 | 15 |
Formation pratique sur les techniques de repiquage du riz en SRI | 37 |
Formation pratique sur les techniques de repiquage du riz en SRI | 11 |
Sensibilisation sur les effets environnementaux de la riziculture/Echange sur le SRI (Visite d’échange des OPA sur le SRI) | 15 |
Mesures GRN (Gestion des Ressources Naturelles) / opportunités liées au projet | 40 |
Mesures GRN/ opportunités liées au projet | 11 |
Planification de la campagne maraichère et compte d’exploitation | 15 |
Formation sur les techniques de production des plants | 3 |
SUIVI DES FORMATION/SENSIBILISATION/APPUI CONSEIL MISE EN ŒUVRE PAR LE PARIZON | 28 |
Entreprenariat Ecole Agricole / Gestion d’entreprise | 22 |
Formation des groupements de femmes étuveuses à l’utilisation du Kit 180 et au processus qualité | 32 |
Formation en technique de DRS/CES | 40 |
École Entrepreneuriat Agricole (EEA) | 23 |
Le système de riziculture intensif (SRI). | 14 |
La bonne gestion d’une entreprise agricole | 10 |
École Entrepreneuriat Agricole (EEA) | 9 |
Le PARIZON a aussi appuyé 8/10 Unité de transformation agricole (Unité d’étuvage) à accéder au Kit riz 180 pour rendre plus facile l’étuvage du riz et améliorer le revenu des femmes. Toutes les unités ont bénéficié de formation sur l’utilisation du kit et l’obtention du riz étuvé de qualité. Chaque groupement est constitué d’au moins 15 femmes. En effet au moins 150 femmes sont touchées par cet action du PARIZON.
1. Les facteurs de succès :
L’application de la stratégie nationale genre par l’Office du Niger ;
La promotion de l’Egalité Homme-Femme (EHF) par le projet ;
La volonté d’autopromotion des femmes elles-mêmes.
2. Les résultats obtenus :
31 organisations paysannes formalisées et structurées dont quatorze (14) féminines ;
21 organisations féminines disposent des titres de propriété collectif de parcelle maraîchère avec au moins 525 membres ;
15 femmes productrices disposent de titre de propriété individuel pour les parcelles rizicoles ;
Les femmes participent activement aux dépenses du ménage (frais scolaires des enfants, frais de santé, tenue vestimentaire, frais de condiment) et même l’alimentation du ménage avec l’apport du riz qu’elles produisent à la satisfaction des maris ;
L’augmentation de la production de riz paddy (l’apport des deux parties : mari et femme) ;
L’estime de soi développé chez les femmes (elles ont de plus en plus confiance en elles et de leurs rôles dans la famille et même dans la société ;
L’acceptation des femmes parmi les hommes lors des réunions et assemblées générales au niveau village (avant les hommes et les femmes ne se réunissaient pas ensemble et si on le parvenait, elles ne s’exprimaient pas).
3. Les défis de la promotion des femmes
Elles sont d’ordre technique, socio-économique, financier et s’énumèrent comme suit :
- le faible accès des femmes à la terre ;
A présent les femmes ont difficilement accès à la terre de culture ; celles qui ont accès ne disposent que de petite superficie qui ne leur permettent pas de faire une production significative.
- la difficulté d’accès des femmes aux moyens de
L’accès à la terre limite les femmes dans le financement des équipements agricoles. Les Institutions de Microfinance (IMF) et les banques exigent que les demandeurs de crédit équipement agricole disposent d’au moins de 7 hectares de parcelles rizicoles pour prétendre au crédit. Les hommes seuls remplissent cette conditionnalité.
- le faible niveau d’équipement des femmes en matériel agricole ;
Les femmes productrices de riz ne disposant pas d’équipement de travail, sont liées aux hommes et mènent le plus souvent les travaux en retard. Il en est de même pour les travaux de récolte et post récolte qui nécessite plus de main d’œuvre.