Madagascar: Resilience par Chaines de Valeur

Le Grand Sud, une région où les femmes sont mises à l’écart du développement

« Homme et femme, chacun est complémentaire » Gandhi.

 

Le grand sud de Madagascar est la zone la moins développée de l’île où 89% des ménages pratiquent des activités agricoles à faible rendement. Environ 18% de ces ménages agricoles sont gérées par des femmes qui n’occupent pas une place de choix dans la société comparée à leur homologue masculin. Si théoriquement de Droit égale avec les hommes, dans la réalité du Sud cette égalité restée mitigée. Dans la région Androy, leurs situations sont bien plus préoccupantes. Souvent abandonné par leurs maris à cause d’une complaisance renforcée par une coutume infligée depuis des siècles, beaucoup de femmes élèvent seules leurs enfants. Dans cette région, le concubinage, voire la polygamie est acceptée, et c’est encore la tradition qui explique pourquoi les femmes n’ont pas le droit à l’héritage foncier des parents. Mais cette inégalité s’étend aussi vers d’autres secteurs sociaux, car il y a plus de femmes analphabètes, avec beaucoup d’enfants à charge, et ne possédant ni terres ni ressources. Ces situations expliquent comment l’environnement du Sud minimise le rôle de la femme au niveau de la société. Le stéréotype de la femme passive y est tellement intégré qu’il est impensable qu’une femme puisse avoir des activités économiques qui peuvent lui générer un revenu supplémentaire pour nourrir sa famille et renforcer son rôle dans le processus de prise de décision.

Intégrer les femmes dans les chaînes de valeur, une bonne approche pour promouvoir l’égalité du genre

Chaîne de valeur ricin : Le ricin est une plante oléagineuse qui fait la renommée de la région Androy. Il est semi-cultivé ou sauvage. Grâce à la cueillette, et l’extraction artisanale d’huile de ricin, 2.797 femmes tirent désormais un supplément de revenu pour faire vivre leurs familles et investir dans l’éducation des enfants. Chaîne de valeur miel : L’apiculture présente plusieurs perspectives pour les femmes notamment la transformation du miel et de cire d’abeille en produits cosmétiques, alimentaires et décoratifs. La vente de ses produits leur permet d’avoir une ressource financière pour s’occuper de leur ménage. Aujourd’hui, 428 femmes bénéficient de l’appui du projet.

Chaîne de valeur caprine : l’élevage de caprins est ancré dans la culture de la région Androy et il est largement dominé par les hommes. Néanmoins avec l’appui du projet à travers des renforcements de capacités, et des campagnes de sensibilisation, 636 femmes ont trouvé une porte d’entrée dans ce secteur à travers la transformation de la viande et du lait de caprin. La vente de ces produits a généré un revenu conséquent et les aides à surmonter les difficultés financières dans le ménage.

Dans le secteur de l’élevage où les femmes sont les plus marginalisées, les femmes commencent à avoir accès à des formations suite aux diverses campagnes de sensibilisations.

Promouvoir le statut des femmes en tant que
“artisanes et entrepreneurs”, une des politiques
choisies par le projet

Les productrices sont indéniablement les couches qui
pâtissent le plus des déséquilibres et inégalités dans les
chaînes de valeur. Beaucoup plus touchées par le manque
d’information sur les marchés, elles constituent des
proies faciles pour les commerçants et autres
intermédiaires qui n’hésitent pas à profiter de leur
méconnaissance du marché pour fixer les prix à leur
avantage. Les manques à gagner sont énormes pour ces
femmes. Pour mettre un terme à ces abus, le projet a
mené des campagnes de sensibilisation sur l’égalité des
sexes à travers des scènes de théâtre, et des ateliers.

Le projet s’est aussi appliqué à leur fournir les outils
nécessaires pour qu’elles puissent se regrouper, dans des
associations et des coopératives. Une fois regroupé, le
projet les a aidés à mettre sur pied une compagnie de
commerce, à développer un plan d’entreprise et à mettre
en place une stratégie de développement. Ces appuis
donnent la possibilité aux femmes de concentrer leurs
efforts sur des chaînes d’approvisionnement courtes, sur
lesquelles elles exercent un contrôle et permettent de
réduire ou d’éliminer les intermédiaires et d’obtenir de
plus grandes marges de bénéfice.
Auparavant, les unités de transformation artisanale
d’huile de ricin sont constitués essentiellement de
marmite pour la cuisson, d’un petit mortier pour le
broyage et aucune règle de qualité ni d’hygiène. Les
huiles ne sont pas traitées et sont vendues à même le sol.

Ainsi, ayant constaté que cette activité est très pénible
pour les femmes surtout pour le broyage des graines (2 heures de broyage pour avoir 1 litre d’huile), le projet a
appuyé l’initiative des femmes à se grouper dans des
coopératives afin qu’elles puissent trouver les voies et
moyens d’assurer leur développement. Elles ont bénéficié
des appuis pour rendre les procédés de transformation
hygiénique et « verts ». Les coopératives ont été dotées
en matériels de transformation (broyeur manuel, presse à
huile). Désormais elles se sont professionnalisées à
travers les standards de fabrication appliqués dans les
coopératives et vendent des produits de qualité à un bon
prix, fabriqués avec des matériels de transformation
adaptés. 264 femmes membres ont actuellement un
revenu annuel supplémentaire de 263 euros.

Grace à l’approche du projet qui priorise les activités qui
rendent les femmes autonomes et qui améliorent leur
savoir-faire, et leur pouvoir de négociation, certaines
femmes sortent du lot en devenant un leader dans sa
communauté et au sein de la chaîne de valeur. Les
femmes sont des agents cruciaux pour le développement
ce qui a amené le projet à offrir des appuis spécifiques
aux femmes chefs d’entreprise, c’est le cas pour une
petite entreprise gérée par une femme qui a vu son
chiffre d’affaires passé de 2.700 EUR à 3.200 EUR en un

an. Cette entreprise travaille dans le domaine de la
transformation de lait et de viande caprine, employant 11
salariés à temps plein et collabore avec une dizaine de
femmes fournisseurs de lait (0,58 EUR le litre de lait).

L’intégration du genre témoigne de la qualité du
travail du projet

La stratégie genre du projet est fondée sur la
reconnaissance du fait que la pleine participation des
hommes et des femmes, sur un pied d’égalité, est une
condition incontournable pour éradiquer l’insécurité
alimentaire, comme le montre la plateforme caprine dont
la vice-présidente est une femme.
Le projet encourage systématiquement la participation
des femmes dans les contrats de service et préfère
décidément un équilibre au niveau du sexe dans les
équipes lorsqu’il s’agit d’un groupe de prestataire. Il est
voulu que des femmes compétentes puissent servir
comme modèles de rôle pour les bénéficiaires. La culture
de l’entreprise a été cultivée au sein du projet comme le
montre son staff qui offre beaucoup d’opportunités aux
femmes car sur les 16 personnels 8 sont des femmes,
dont le chef de projet. Le projet dispose aussi d’un
responsable genre.

Au niveau régional, le projet est le partenaire officiel de la
Direction Régional de la Population, de la Protection
Sociale et de la Promotion Féminine pour la célébration
de la journée internationale de la femme. Pour l’occasion,
le projet collabore avec toutes les associations féminines
et les encourage à travers des conférences débats et des
animations rurales comme les théâtres à prendre des
initiatives pour maîtriser leurs propres activités. Le projet
est une référence en matière de genre pour les
organismes travaillant dans la région notamment pour le
programme « ASARA » financé par l’Union Européenne
dont le projet est un des composants. Lors des missions
de diagnostic sur le genre et des formations, les activités
du projet ont toujours été citées comme exemple et ont
été prises comme étant des bonnes pratiques.

L’aspect genre est pris en compte dans le processus
de suivi axé sur les résultats

L’aspect genre a été pris en compte depuis l’élaboration
du document de projet. Ainsi, les indicateurs et le suivi du
projet font une distinction entre les sexes afin de pouvoir
suivre l’intégration des femmes chef de ménage.
L’objectif exigé du projet est d’intégrer de femmes chef
de ménage à hauteur de 15% parmi les 20.000 ménages à
atteindre (soit 3000 femmes). Les contributions du projet
en faveur de l’égalité entre les sexes sont rendues compte dans les rapports. Pratiquement, dans tous les
rapports d’activité effectués par les équipes techniques,
rapport de prestataires et dans les rapports annuels
fournis aux bailleurs de fond (BMZ et UE), au minimum un
paragraphe doit illustrer les approches liées au genre, les
activités effectuées ainsi que les résultats obtenus.
Actuellement, à travers le projet 6.246 femmes sont
désormais actives dans les chaînes de valeur. 11% d’entre
elles, ont reçu les outils nécessaires pour se regrouper
dans des associations et des coopératives.
Le reste est intégré dans des organisations paysannes, où
elles ont bénéficié en même temps que leur homologue
masculin des semences, des renforcements de capacités
et un suivi de proximité pour leur encadrement
technique. 77% d’entre eux ont enregistré une
augmentation de revenu d’au moins de 30%.

 

« La seule voie qui offre quelque espoir d’un avenir
meilleur pour toute l’humanité est celle de
la coopération et du partenariat. » Kofi Annan

La promotion de l’égalité est de prime abord une
préoccupation interne à la GIZ Fort dauphin. Le projet
intervient dans le cadre d’un grand programme et
travaille donc en partenariat avec d’autres organismes de
développement dans sa mise en oeuvre.
Les trois principaux facteurs de succès ont été tout
d’abord l’implication inconditionnelle de l’équipe du
projet en collaboration avec la plateforme genre
« Madagascar GIZ Gender Group (MG3) » pour la mise en
oeuvre de la politique genre de la GIZ en interne et la
promotion de cette politique à l’externe. Ensuite,
l’adoption d’une stratégie commune avec les partenaires
sur la manière d’accompagner les organismes et les cibles
pour mettre fin aux inégalités et parvenir à un
développement optimal. Enfin, la coopération étroite
avec les structures étatiques comme la Direction Régional
de la Population, de la Protection Sociale et de la
Promotion Féminine pour la promotion de l’égalité des
sexes en grande échelle.

 

 

GIZ-Fort-dauphin Résilience par Chaînes de Valeur
Bureau de la GIZ à Fort Dauphin
Villa Saint Adrien TN 1295 AJ, Immeuble CHABANI
Fort Dauphin 614 – Madagascar
T +261 32 05 425 63
giz-rcv-madagaskar@giz.de
www.giz.de/madagascar-mg
Auteurs Holy RAZAFINDRANDRETSA
Volahery RAOELIMANALINA
Onja RAKOTOLALAO
Layout GIZ-Fort-dauphin
Résilience par Chaînes de Valeur
A la date Novembre 2017