1. Promotion de l’égalité entre les sexes
• Contexte : Le Grand Sud, une région où les
femmes sont marginalisées
Le « Grand Sud » de Madagascar, notamment les
régions Androy, Anosy et Atsimo Atsinanana, est la
zone la moins développée de l’île où 89% des ménages
pratiquent des activités agricoles produisant
de faible rendement. Environ 18% de ces ménages
agricoles sont gérées par des femmes qui n’occupent
pas une place de choix dans la société comparé à
leur homologue masculin. Si théoriquement de Droit
égale avec les hommes, dans la réalité du Sud cette
égalité reste mitigée. En effet, la conscience collective
locale stéréotype la femme comme étant un
« meuble fragile » (fanaka malemy) dont les principales
« utilités », lorsqu’elles sont mariées, sont de
procréer et de prendre soin de la famille et de non
gagner sa vie. Dans d’autres cas, des pratiques
comme la polygamie, concubinage, admise par les
coutumes et tradition locale, autorise les hommes à
quitter la mère de leurs enfants sans aucune réelle
obligation quelconque. Ce qui amènent les femmes
à se retrouver seules avec beaucoup d’enfant à
charges et sans activités ni ressources.
Ces situations expliquent comment l’environnement
du Sud minimise le rôle de la Femme au niveau du
ménage, de la communauté ou des aspects liés aux
activités économiques qui peuvent leur générer un
revenu supplémentaire pour nourrir la famille et renforcer
leur rôle dans le processus de prise de décisions.
«J’ai pu augmenter 8 fois plus mon revenu cette
année (de 13 euro à 100 euro) grâce à la culture du
Ricin. J’ai utilisé cette somme pour nourrir ma famille,
scolariser mes enfants et acheter une bicyclette pour
le déplacement de mon fi ls ainé à l’école secondaire
et au marché.»
Mme Filao
(Village Ambory – Commune Tsihombe – Androy)
Les approches développées par le Projet pour la promotion de l’égalité entre les sexes:
Choisir et Appuyer des chaînes de
valeurs adaptées aux femmes pour leur
générer facilement des revenus
Le Ricin, l’Apiculture, le Haricot/Niébé et le Caprin
sont les principales chaînes de valeur appuyées par
le projet. Ces dernières sont admises comme étant
favorables aux conditions climatiques du Sud et
adaptées aux femmes :
Le ricin est une plante oléagineuse qui fait la renommée
de la région Androy. Il est semi-cultivé ou
sauvage. Le Ricin constitue une source de revenu
importante en période de soudure. 1351 femmes
cultivent aujourd’hui le ricin.
L’apiculture ne nécessitant pas un énorme temps
de travail (entretient et suivi des ruchers tous les 15
jours) permet aux Femmes de la région de pratiquer
une activité génératrice de revenu et de s’occuper
du ménage à la fois. Aujourd’hui, 328 bénéficient de
l’appui du projet.
La Haricot et le Niébé sont des cultures déjà pratiquées
par les Femmes de la région. L’appui du projet
permettra à ces dernières de générer plus de revenu
à travers l’amélioration de la production par la facilitation
d’accès à la semence, la professionnalisation
des techniques et la mise en relation avec des acheteurs
locaux.1150 femmes bénéfi cient de l’appui du
projet dans cette chaîne de valeur.
L’élevage de Caprin est ancré dans la culture de
l’Androy. La vente de caprin ou produits de caprin
peut générer un revenu conséquent et aider
à surmonter les périodes de disette ou
encore lorsque l’on fait face à des diffi cultés fi –
nancière dans le ménage. 174 femmes chef de
ménage sont aujourd’hui appuyées par le projet.
Faire des appuis spécifi ques sur des activités
à vocation féminines dans les
chaînes de valeur choisies:
Mise en valeur des femmes transformatrices d’huile de Ricin
Le ricin donne une huile aux multiples vertus et utilisations
(comestique, thérapeutique et industriel)
dans laquelle les femmes de l’Androy sont physiquement
engagées dans la transformation artisanale de
ces graines en huile. 25% des femmes transformatrices
sont chefs de ménages et doivent assumer parallèlement
la survie de leurs familles.
Cependant, Les méthodes artisanales de transformation
utilisées par les femmes sont très traditionnelles.
Les outils et matériels utilisées par les
femmes transformatrices sont rudimentaires et se
composent essentiellement d’équipements domestiques
(marmite, mortier). La propreté n’est presque
jamais respectée, vue l’insuffi sance d’eau dans la
région. L’importance de l’hygiène et de la qualité est
méconnue. Ces conditions précaires d’hygiène et
sanitaire rendent le produit non commercialisable en
dehors des villages. Le revenu issue de la vente de
l’huile ne permet pas ainsi de nourrir la famille (3000
Ariary/litre = 1euro)
L’approche du projet consiste ainsi à promouvoir
l’huile de ricin produite par ces femmes en vue d’augmenter
sa valeur (prix), d’élargir le marché et faire de
la production et de la vente de l’huile de ricin une
activité rentable contribuant au bien être des femmes
transformatrices.
Le projet en collaboration avec un atelier local a donc
mis en place des matériels d’extraction moderne
(presse hydraulique, broyeur, décanteur), adaptés
aux femmes.
En termes de résultats :
• Si auparavant, les femmes mettaient six (6)
heures pour avoir un (1) litre d’huile brut, rajouté
au broyage manuel des graines qui est très
pénibles, grâce au nouveau procédé et matériel,
deux (2) heures suffi sent pour extraire un (1) litre
d’huile brut, et le broyage est désormais mécanisé.
• Avec l’appui du projet sur la démarche qualité,
l’entrepreneuriat, la gestion d’exploitation, l’éducation
fi nancière et la formulation d’un business
plan simplifi é. 200 femmes transformatrices ont
pu doubler le prix de l’huile de ricin ( 7000 Ariary
= 2.5 Euro).
• Si auparavant la vente se faisait uniquement au
niveau des villages, actuellement leurs produits
sont vendus dans d’autres régions.
Mise en valeur des Femmes transformatrices de produits apicoles
Dans la région Anosy en 2016, 200 jeunes femmes
vont être formées dans la transformation de cire en
bougies design, le miel en confi serie et en pâtisserie,
puis la cosmétique.
Promouvoir le savoir-faire féminin dans la région
En Décembre 2014, le projet a organisé le premier
« Salon du Savoir-faire féminin » dans l’Anosy en
coopération avec les Entrepreneures Féminines de
l’Océan Indien (EFOI). L’objectif était de mettre en
valeur les secteurs d’activités diverses des femmes
dans la région Anosy et Androy et promouvoir la
solidarité, l’entraide, la compréhension culturelle,
l’échange d’expérience et d’idées à travers une
culture entrepreneuriale. En tout, 280 femmes, venant
des 4 districts de l’Anosy et de l’Androy, ont pu
se mettre en évidence et se démontrer.
A l’issue de ce salon, un fi lm a été produit et utilisé
pendant le 08 mars (Journée mondiale de la Femme)
pour démontrer les compétences féminines dans la
Région. Lors de cette Journée , une conférence débat
sur le Droit de la femme a été organisée pour
éveiller la conscience et infi rmer les stéréotypes.Ces
types d’activités continuera à se faire pour les années
à venir.
2. Prise en compte du genre en tant que qualité
Le projet encourage systématiquement la participation
de femmes dans les contrats de service et préfère
décidemment un équilibre au niveau du sexe
dans les équipe lorsqu’il s’agit d’un groupe de prestataire.
Il est voulu que des femmes compétentes
puissent servir comme modèles de rôle pour les bénéfi
ciaires.
Cela se refl ète aussi dans la composition du staff
de projet, qui offre beaucoup d’opportunités aux
femmes : 17 personnels dont 9 sont des femmes, le
chef de projet est une femme et 60% des personnels
techniques sont des femmes.Le projet dispose aussi
d’un responsable genre
Dans ses activités quotidiennes (suivi sur terrain,
réunion, atelier), l’équipe donne de l’avant aux
Femmes en s’adressant directement à elles et en
leur donnant l’espace pour s’exprimer. Un exemple
motivant comme modèle de rôle est la technicienne
de la Chambre d’Agriculture qui fait un travail remarquable
dans l’animation et la motivation des éleveurs
de caprin. Elle ne se laisse pas intimider dans ce
domaine dominé par des hommes et encourage les
femmes éleveurs de faire pareil.
Grâce à leur collaboration avec le projet, les femmes
transformatrices ont gagné plus de confi ance en elle
et sont fi ères d’être reconnues comme de vraies artisans.
3. Genre et SAR
Les contributions du projet en faveur de l’égalité
entre les sexes sont rendues comptes dans les
rapports d’activités effectuées par les équipes techniques,
rapport de prestataires et dans les rapports
annuelles fournis aux bailleurs (BMZ et UE). L’ aspect
genre ont été pris en compte depuis l’élaboration
du document de projet. Ainsi, les indicateurs et
le suivi du projet font une distinction entre les sexes
afi n de pouvoir suivre l’intégration des femmes chef
de ménages. L’objectif exigé du projet est d’intégrer
de femmes chef de ménage à hauteur de 15% parmi
les 20.000 ménages à atteindre (soit 3000 femmes).
Le projet a néanmoins décidé à l’interne d’intégrer
jusqu’à 20% de femmes au moins.
A une année de la fi n de sa durée, le projet a déjà
intégrée 3015 femmes, et ce nombre va encore
s’accroître car des ciblages sont actuellement en
cours. Ce sont des femmes qui ont reçu des appuis
du projet et font l’objet d’un suivi de proximité pour
leur encadrement technique.
4. Coopération
La promotion de l’égalité est de prime abord une
préoccupation interne à la GIZ Fort dauphin. Une réfl
exion commune en équipe se fait périodiquement
pour voir les avancées, les diffi cultés rencontrées et
les actions à réaliser en la matière.
Le projet intervient dans le cadre d’un grand programme
et travaille donc en partenariat avec d’autres
organismes de développement dans sa mise en
oeuvre. Unis dans un même objectif, celui de mettre
en valeur les capacités des femmes dans la région,
des conventions de partenariat ont été établies avec
ces derniers. Dans ces conventions fi gurent le type
d’appui à fournir et le nombre de femmes à intégrer.
Cela étant, des décennies de cultures et de stéréotypes
transmis de génération en génération
intimident encore les Femmes de la région et entravent
à leur épanouissement. Ce qui consititue
un grand défi s pour le projet.
Les trois principaux facteurs de succès ont été tout
d’abord à la volonté de l’équipe du projet et les partenaires
de collaboration pour mettre en oeuvre les
activités et mettre en exergue l’importance de ces
aspects dans la région. Deuxièmement, la coopération
doit aussi son succès à la bonne synergie avec
les partenaires permettant facilement de coordonner
les activités. Enfi n, la réussite de la coopération a été
due au bon choix des partenaires avec qui le projet a
décidé de s’engager pour faire valoir l’aspect genre.
«Notre développement continuera d’être à contretemps
si nous ne donnons pas également aux
femmes un rôle important à jouer dans les affaires
sociales, politiques et économiques de nos sociétés……..
Afi n de maximiser les opportunités de croissance
que connaît l’Afrique aujourd’hui, les hommes
comme les femmes doivent être en mesure d’exprimer
leur plein potentiel»
(Dr. Dlamini-Zuma, membre du Congrès national africain)