Introduction
Le “genre”, les “études de genre”, “l’approche de genre” sont des notions parfois mal comprises par les populations. Transposé de l’anglais “Gender”, le genre est un concept sociologique désignant les “rapports sociaux de sexe” et de façon concrète, l’analyse des statuts, rôle sociaux, relations entre les hommes et les femmes dans une société donnée.
Par « genre » on entend la construction socioculturelle des rôles masculins et féminins et des rapports entre les hommes et les femmes. Alors que « sexe » fait référence aux caractéristiques biologiques, être né(e) homme ou femme, le genre décrit des fonctions sociales assimilées et inculquées culturellement.
Aussi le genre d’un autre point de vue, se défini comme étant l’éventail des caractéristiques qui se rapportent à la féminité et à la masculinité et qui la différencient. Selon le contexte, cela peut inclure des structures sociales fondées sur le sexe (c.-à-d. les rôles de genre) et l’identité de genre. Appliquée aux politiques publiques, l’analyse ou perspective de genre a pour objectif de promouvoir l’égalité des femmes et des hommes en prenant en compte les différences et la hiérarchisation socialement construite, qui produisent des inégalités. On parle aussi en français “d’approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes”.
La promotion du genre est bien intégrée dans les pays développés conformément à la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes. Le Niger à l’instar donc des grandes puissances tente de s’aligner sur cette approche, ce concept nouveau, mais la mise en oeuvre constitut en effet un grand défi. La GIZ-NIGER quant à elle ne ménage aucun effort pour faire de cette approche son cheval de bataille dans tous ses processus de recrutement.
I. Concept genre au niveau mondial et régional
En septembre 2015, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait l’Agenda 2030 pour le développement durable et ses 17 Objectifs de développement durable (ODD), parmi lequel on retrouve l’objectif visant l’égalité de genre. Ces ODD fixent des cibles à atteindre en 2030 pour transformer notre monde et nos sociétés. A cet égard, les jeunes de tous les pays ont été reconnus par l’ONU comme des acteurs incontournables dans la réalisation de l’Agenda 2030. Ils sont les citoyens, les acteurs économiques et les dirigeants de demain, et le monde connaît une des générations de jeunes les plus importantes de son histoire.
En Europe, le Conseil de l’Europe a adopté le 7 avril 2011 une Convention sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Elle donne une définition du genre : le terme « genre » désigne les rôles, les comportements, les activités et les attributions socialement construits, qu’une société donnée considère comme appropriés pour les femmes et les hommes.
Toutefois, pour le cas spécifique de l’Afrique promouvoir l’approche genre chez les jeunes africains afin que tous : femmes et hommes participent de manière égale à la construction d’une Afrique forte, visant le développement de l’Afrique n’est pas fortuit car malheureusement, la violence basée sur le genre chez les jeunes devient l’un des obstacles majeurs du développement de l’Afrique. La situation sociale en défaveur des jeunes filles (femmes) en Afrique fait que cette population soit de plus en plus victime de nombreuses violences et impacte négativement leur épanouissement, en particulier et celui de la société africaine, en général.
En effet, nous sommes tentées de penser que les femmes pourraient apporter beaucoup plus en termes de croissance et de développement. Mais toute une série d’obstacles les freinent, selon le un rapport publié par la Banque africaine de développement. Elles représentent 75% de la main d’oeuvre agricole et produisent la majorité des denrées. Mais la ségrégation du marché du travail africain fait qu’elles occupent souvent des activités peu rémunérées du secteur informel.
En Côte d’Ivoire, par exemple, elles possèdent 62% des entreprises mais des structures de très petite taille et au rendement minime. Les femmes ont moins accès à la terre à cause de régimes fonciers défavorables comme au c’est le cas au Mali, où seuls 5% des propriétaires terriens sont des femmes. Les banques leur refusent souvent des crédits du fait de préjugés culturels ou d’obstacles juridiques, ce qui empêchent leurs entreprises de grandir.
Si les pays africains déploient des efforts pour encourager l’autonomisation des femmes, les discriminations de genre restent importantes et constituent un frein au développement du continent, pointe un rapport onusien. Les inégalités d’accès à l’enseignement secondaire et supérieur augmentent ainsi la probabilité pour une femme d’occuper un emploi vulnérable, souvent dans l’économie informelle. Le fait que les femmes ne soient pas davantage intégrées aux économies nationales représente un coût annuel élevé pour les pays d’Afrique subsaharienne, estimé à 105 milliards de dollars en 2014. (Pnud, « Accélérer les progrès en faveur de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes en Afrique », septembre 2016).
Aussi dans une étude intitulée, Can Africa Claim the 21st Century ? (L’Afrique peut-elle se prévaloir au 21ème siècle ?) (Banque Mondiale, 2000), nous précisons à ce niveau que l’Afrique a d’énorme potentiel inexploité. Elle a des réserves de croissance enfouies en ses hommes au sens large, particulièrement en ses femmes qui, à l’heure actuelle, pourvoient
plus de la moitié de la main d’oeuvre de la région, mais n’ont pas égal accès à l’éducation et aux facteurs de production.
Pour finir, il faut retenir que l’égalité des sexes peut être une force déterminante dans la réduction accélérée de la pauvreté en Afrique et qu’il est temps de promouvoir la notion du genre chez les jeunes africains.
II. Approche genre au Niger
L’égalité et l’équité sont nécessaires pour exploiter le potentiel humain afin d’améliorer le niveau de développement d’un pays. C’est donc conscient de ce fait que e Niger a pris plusieurs engagements afin de promouvoir l’égalité de genre. Ainsi, la Constitution consacre, entre autres, le principe d’égalité entre tous les nigériens et l’obligation de veiller à l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes. De plus le Gouvernement du Niger a adopté une Politique Nationale de Genre (PNG) le 31 juillet 2008 et validé son plan d’action décennal 2009-2018 en mai 2009, ce qui constitue un cadre d’orientation nationale en matière de promotion du genre. Néanmoins force est de constatés que les questions du genre sont parfois sujets tabous dans la majeure partie des localités du Niger du fait de : La religion (99% musulmans) ou les femmes sont lésées et n’ont pas les mêmes chances que les hommes dans la société et les pratiques sociaux culturels ancestraux.
Fort heureusement des efforts importants ont été faits pour améliorer les conditions de vies des hommes et des femmes. Sur le plan légal et institutionnel, ces efforts ont porté sur l’adoption de (i) la Charte Nationale pour l’amélioration de l’image de la femme dans les médias signée le 12 mai 2011 et (ii) la loi n°2014-72 du 20 novembre 2014 relative aux juridictions pour mineurs. Sur le plan opérationnel, on peut noter la mise en oeuvre des programmes et stratégies tels que (i) la stratégie genre et islam, (ii) la stratégie école de maris, (iii) l’initiative pour les adolescentes du Niger, ou encore (iv) la mise en oeuvre des programmes de sensibilisation pour un changement de comportement. C’est ainsi que plusieurs indicateurs ont connu des améliorations. A titre d’exemple, le taux d’excision est passé de 4% en 2006 à 2% en 2012 et le taux d’entrée en union des filles avant l’âge de 15 ans est passé de 38% en 2006 à 30% en 2012. Cependant, l’efficacité des efforts consentis a été limitée par la persistance de certaines pratiques socioculturelles à l’égard de la femme au Niger. Il s’agit notamment de la problématique du mariage forcé des enfants, de la difficulté du maintien de la jeune fille à l’école et de la faible utilisation des méthodes contraceptives. Cette situation s’explique entre autres par l’inadaptation de notre système éducatif en ce qu’il ne prend pas suffisamment en compte l’éducation à la citoyenneté et contribue peu à l’intégration sociale de l’apprenant dans son milieu.
III. Promotion du genre à la GIZ-Niger
La promotion de l’égalité de genre dans nos projets et processus ainsi que nos dispositions internes sur la parité sont deux piliers stratégiques de notre politique et de notre identité d’entreprise. La GIZ-NIGER compte 232 personnels nationaux dont 178 hommes et 54 femmes. La GIZ est l’une des rares organisations internationales de développement à promouvoir l’égalité des sexes en son sein. Ce qui d’ailleurs en est l’une de ses plus grandes réputations.
IV. Résultats obtenus
L’approche de genre vise l’égalité des droits et son application dans les faits eu-égard aux opportunités d’accès et de contrôle des ressources par les femmes et les hommes. Ceci inclut l’égalité entre les sexes dans le domaine de la participation décisionnelle et politique, ainsi que la valorisation et la reconnaissance sociale et économique des rôles et contributions des deux sexes dans les sphères privée et publique. L’approche genre et développement, en visant une société plus juste et plus égalitaire, privilégie un
développement centré sur l’humain, des relations égalitaires entre les femmes et les hommes et un développement durable et solidaire. L’atteinte de ces objectifs passe obligatoirement par l’éradication des préjugés et des stéréotypes sexués qui constituent autant de barrières à l’égalité et par une redéfinition des rôles « traditionnellement » attribués aux femmes et aux hommes dans la société.
C’est ainsi que l’Etat du Niger, dans sa volonté d’assurer l’équité et la justice sociale a créé par décret n° 2015-524/PRN/MP/PF/PE du 02 octobre 2015, une structure de veille et d’analyse des relations hommes, femmes dénommée Observatoire National pour la Promotion du Genre (ONPG). L’Observatoire incite les institutions à accorder une attention particulière aux statistiques sur le genre et à les intégrer dans les rapports et bilans. Cette institution est d’importance capitale pour le contrôle et le suivi de l’opérationnalité ainsi que de l’effectivité de l’application des engagements nationaux, régionaux et internationaux en matière de genre. Elle est autonome et rattachée au Cabinet du Premier Ministre par décret n° 2017-428/PRN/PM du 24 mai 2017.
- La participation à la prise de décision et à la gestion du pouvoir au Niger
La participation politique de la femme a connu une avancée même si par ailleurs la représentation des femmes au sein des instances décisionnelles reste à améliorer.
En 2000, le Niger a adopté la loi n°2000-008, qui instituait à titre transitoire, le système de quota dans les fonctions électives (10%), au Gouvernement et dans l’Administration de l’État (25%) de l’un ou l’autre sexe. En 2014, cette loi a été révisée à la hausse portant le taux des postes électifs de 10% à 15%. Ainsi, aux élections législatives de 2016, on compte 27 femmes députées sur 171 soit une représentation de 15,78% des femmes au Parlement. Aujourd’hui, le défi de la participation est celui du renforcement de l’accès des femmes à la prise de décision mais surtout celui d’amener les hommes et les femmes à pouvoir gérer et contrôler la décision comme des partenaires à part entière.
- Promotion des femmes aux postes de responsabilités au sein de la GIZ-NIGER
La GIZ en tant que partenaire stratégique au développement s’efforce de s’aligné a cette politique du gouvernement du Niger. C’est ainsi qu’on a des femmes Chefs d’antennes, responsables de composantes, Directrice des ressources humaines, Administratrices comptable, Assistants techniques …. Etc, pour ne citer que cela.
Conclusion et recommandations
Le genre est à la fois un concept sociologique, une approche de développement, une stratégie opérationnelle et une méthode d’analyse. Il ne signifie pas « femmes » et il n’exclut pas les hommes. En conclusion nous pouvons retenir que le débat sur l’égalité de chance entre les hommes et les femmes est ancré au coeur de la famille, espace largement régulé par les valeurs culturelles et religieuses. Le combat à mener est donc plus lointain car c’est au sein même de la famille que les rôles sociaux assignés aux jeunes garçons et à la jeune fille, à l’homme et à la femme sont signifiés et mis en pratique. Ces rôles induisent des inégalités sociales qui conditionnent leur participation au sein de la communauté dans les sphères sociales, politiques et économiques.
La mise en oeuvre de l’approche de genre est une condition de l’efficacité et de la viabilité des actions de développement, mais son objectif politique et de transformation sociale va bien au-delà d’un simple utilitarisme économique. L’approche et l’analyse de genre permettent l’accès à l’empowerment qui signifie émancipation, renforcement des capacités, autonomie, prise de pouvoir.
La promotion de l’égalité de genre est une tâche collective, c’est une pratique à encourager fortement dans la société. La GIZ-NIGER quant à elle doit fermement maintenir sa stratégie de promotion du genre au sein de l’entreprise pour assurer l’épanouissement, l’égalité, l’équité des collaborateurs et éviter toute discrimination et toute frustration.